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la maison rouge
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15 mai 2010

Réflexions #1

"Je n'ai pas encore appris à rester sereine devant toutes les corvées de la maison (Vous faites quoi vous pour vous distraire ? Je récure des casseroles et des poêles, ça vous va ?) mais avec la cuisine, je m'approche de cette quiétude. L'éternité, voilà le bon état d'esprit pour nourrir une famille : faire réduire les tomates jusqu'à ce qu'elles fondent en une sauce rouge dorée parfumée à l'origan pour des pâtes. Auparavant, cueillir des fruits mûris au soleil, détacher des feuilles d'origan de leur tige, cultiver tout ça à partir de graines, oui. Toute une vie, voilà ce qu'il me faut. Pour nous, cuisiner est une vraie distraction. Quand j'ai le cafard, je vais dans la cuisine. Je feuillette les pages de mes livres de recettes favoris, en me réjouissant à la perspective du joyeux tintamarre d'un repas familial. Je reste devant une soupe qui bouillonne, ferme les yeux, inhale. Tout ce qui sort du sol et a trait à la nourriture apaise mon âme.
C'est vrai, j'ai autre chose à faire. Pendant dix-neuf ans j'ai appartenu à la cohorte des mères de famille qui travaillent, et pour lesquelles des aliments précuits seraient justifiés si seulement j'acceptais d'en nourrir ma famille. En principe, je n'ai rien contre ce qui est pratique. J'éprouve un profond attachement pour mon lave-vaisselle et j'apprécie les ustensiles brillants rangés dans les tiroirs, toujours prêts à se transformer en menace pour tout légume mort ou vif. Je suis experte dans l'art d'accommoder vite fait un repas après les longues journées de travail, mais parfois, quand nous sommes trop épuisés, nous filons au restaurant, histoire de ne pas salir la cuisine.
Seulement s'il fallait qu'en permanence je définisse ma façon d'alimenter les miens par la devise "qu'on s'en débarrasse vite fait!", une chose précieuse de notre vie de famille disparaîtrait. Et je ne parle pas de nos tailles de guêpe, quoique, à coup sûr, elles disparaîtraient aussi dare-dare. Je veux parler du dîner, pierre angulaire de la santé mentale de notre famille. Si je devais le chiffrer, je dirais que 75% de mes principaux efforts d'éducation ont été fournis pendant le dîner ou autour de celui-ci. Je suis convaincue que je ne suis pas la seule mère à penser ainsi. Une étude a d'ailleurs prouvé qu'il y a avait un point commun parmi les personnes âgées de dix-huit ans dotées de qualités intellectuelles hors du commun et dont les origines ethniques, géographiques et sociales étaient diverses : l'habitude de s'asseoir avec leur famille pour le dîner. Ce n'est pas seulement la nourriture qui les rend exceptionnelles. Mais sans doute leur parents - leur attention, leurs priorités et la constance de leur soutien. Les mots : "Je t'attends pour le dîner."

Extrait de "Un jardin dans les Appalaches" de Barbara Kingsolver

Cette femme écrit tellement ce que je pense, ce livre va tellement devenir mon livre de chevet que je n'aurais pas pu ne pas vous en mettre un extrait et ce ne sera probablement pas le dernier...choquée ces derniers jours par certaines habitudes alimentaires vues et installées quotidiennement dans mon entourage

merci à la lectrice de blog qui m'a conseille ce livre et dont, hélas, je ne me rappelle plus..

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Commentaires
C
oups désolée je me suis mélangée les pinceaux entre mon blog perso et celui de la librairie , j'ai l'impression de faire de la pub sauvage et je n'aime pas ca !!
C
c'était moi ... et comme je suis heureuse qu'il te plaise. Ces romans sont tout aussi forts et beaux.<br /> <br /> A bientôt !
A
c'est tellement vrai! je n'imagine pas le "souper" du soir sans être à quatre, au coude à coude. C'est le debriefing de la journée, mini drames ou dernière blague, découverte ou déconvenue, peu importe, du moment qu'on partage !
L
moi aussi j'ai cru que ces mots venaient de toi tellement ils semblent te correspondre.<br /> <br /> Et comme je partage completement ce plaisir et cette philosophie de la "bouffe" et de la vie je vais m'empresser de commander ce bouquin. Merci/
L
j'en crois à peine mes yeux ! je lis ton texte et très vite je me dis : tiens on dirait des phrases tout droit sorti du livre de B Kingsolver (à partir du lave-vaisselle, j'ai tilté) et puis je file en bas prise d'un doute et je me met à rire !<br /> <br /> de plus coïncidence absolu va voir chez moi !!<br /> hi hi !<br /> comme quoi les grands esprits ...<br /> :)
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