La télévision
Juste un petit article pour expliquer NOTRE choix de non-TV, (mais où caserais-je ce temps TV dans ma journée d'abord ?) et parce que j'en ai marre de me disculper, c'est vrai, après tout, je n'agresse jamais les gens en leur demandant pourquoi "eux" ont une Tv, alors pourquoi me demande-t-on toujours pourquoi je n'en ai pas ?
Un écran est réapparu quelques années plus tard chez les A., pour les
premiers jeux sur ordinateur. L’ordi était une attraction pour les
copains, qui s’invitaient régulièrement. La télé, c’était chez les
grands-parents, soigneusement dosée. Aujourd’hui, les deux grands
travaillent à l’étranger, le cadet termine ses humanités en
néerlandais. Il écrit des livres et adore le foot. "Quand
il a trop envie de voir un match, il va chez une voisine. En échange,
il fait du baby-sitting. Notre troisième a bénéficié d’une véritable
éducation à l’image. Son père a enregistré beaucoup d’émissions, selon
une progression d’âge, regardées sur un petit moniteur. Maintenant,
père et fils présentent ensemble les classiques du cinéma aux
Beaux-Arts."
Rythme et contenus imposés
Les S. n’ont jamais eu de télé. Petit, le papa regardait systématiquement le cinéma sur petit écran.
Aujourd’hui, ses enfants de 8 et 11 ans vivent sans télé. "Pour éviter le piège d’allumer et de ne pouvoir éteindre ensuite. Je ne veux pas être esclave, affirme le père. Nous
avons expliqué aux enfants que les programmes comportaient trop de
violence, qu’ils étaient parfois difficiles à comprendre pour eux. Ils
nous font confiance. Nous avons un écran pour les DVD et les cassettes.
Nous regardons de bons films, en les commentant en famille. Nous ne
sommes pas opposés à l’image, mais nous la choisissons, nous ne la
subissons pas, comme ces publicités tellement agressives."
Même son de cloche chez le père des G. Ce qui est "intrinsèquement
néfaste à la télé, c’est le caractère imposé et subi du programme et de
son rythme, l'aspect analgésique du phénomène qui conduit à la
passivité et la mise en veille de l'intelligence critique. La
télévision véhicule des informations loin d'être adaptées, comprises,
et assimilées par les enfants, voire choquantes."
La maman a vécu longtemps alitée dans sa jeunesse. La télévision était son seul dérivatif. Elle a éprouvé la "fascination des images, la déconnection de la réalité, sous une emprise quasi hypnotique."
Parents de quatre enfants, une fille de 11 ans et trois garçons de 3, 6
et 10 ans, ils n’ont pas remplacé un récepteur hérité.
Ils n’ont jamais eu la télédistribution. Un écran subsiste pour les
DVD. Le choix et la vision en famille sont devenus des rituels
hebdomadaires. Les enfants ont un ordinateur limité aux jeux éducatifs
et aux recherches sur Internet, après consultation préalable dans la
bibliothèque de la maison.
Les parents divergent sur l’irrévocabilité de leur décision. Papa
estime que tout ce qui peut provenir de la télévision peut être trouvé
dans d'autres sources, de meilleure qualité. Maman est prête à discuter
face à une demande raisonnée: "La
gestion de la télé, ça peut s’apprendre. Nous ne jouons pas la
marginalité pour la marginalité. Nous avons déjà envisagé de reprendre
un poste classique. Les enfants ont réagi unanimement: quand va-t-on
jouer, alors?" Précisons que les G. ont une grande maison avec un grand jardin.
Pour cette famille, la vie sans télé, c’est du temps retrouvé pour être ensemble, faire et parler ensemble.
Assuétude
La télévision est chronophage, s’écrient tous nos témoins. Les G. ont
eu une télé. Ils ont vécu avec la seule RTBF, puis brièvement avec le
câble. L’organisation familiale tournait trop autour de la télé. Repas
et conversations étaient écourtés pour le JT ou le début du film.
"On trouvait toujours quelque chose d’intéressant au rabais. Le
zapping est détestable. C’est difficile d’avoir un bon usage de l’offre
pléthorique, avoue la maman, psychologue de profession. Cela
tourne à l’assuétude. Les heures passent sans rien faire, sans vivre.
On loupait des moments essentiels, au détriment du projet éducatif pour
nos deux filles de 9 et 11 ans. Elles ne sont pas coupées des images.
Elles regardent chez les grands-parents, les copines. Elles connaissent
les séries, elles en parlent. L’aînée commence à réclamer, sans
insister. Pour l’instant, c’est non, parce qu’il y a mieux à faire. Je
suis intransigeante. La négociation viendra lorsqu’elles seront plus
grandes. En attendant, je cadre. Nous choisissons des DVD, nous
regardons les films de Louis de Funès, ceux de mon enfance, qui font
toujours rire."
Comme dans les autres familles, les deux filles jouent, dessinent,
lisent. Leurs parents leur consacrent un temps important. Rien
d’extraordinaire, rien d’exemplaire, simplement la preuve qu’une vie
est possible sans télévision, à condition de l’associer à une éducation
à l’image.
Et pour d'autres mais qui ne me liront pas ici : "Oui, merci, mes enfants vont bien":)
Télé sans familles ou familles sans télé
Il
y a un an, votre journal créait la rubrique Ecrans Juniors pour lire
les images, les comprendre, les analyser, pour qu’elles ne nous mènent
pas par le bout du nez. Pour fêter ce premier anniversaire, nous avons
rencontré quatre familles qui vivent sans images télé, mais pas sans
écrans. Elles sont plus nombreuses qu’on le croit.
Un matin mémorable, le couple A., la cinquantaine, trois enfants, a littéralement expulsé la télévision. "Nous avions acheté un poste lorsque les petits sont entrés à l’école maternelle, raconte la maman. Les
enfants avaient tendance à traîner le matin devant la télé. Un jour,
toujours en pyjama à 7h, nous leur avons dit qu’ils avaient une
demi-heure pour être prêts, sinon la télé valsait sur le trottoir. Une
demi-heure après, le récepteur était à la rue. Il a disparu rapidement,
c’était un beau modèle. Nous n’en n’avons jamais repris. Les enfants, 3
et 5 ans à l’époque, ont scié un peu, puis sont passés à autre chose.
Grâce à cela, nous avons passé du temps avec eux, à parler, à leur lire
des histoires. Les deux frères jouaient ensemble. Nous allions beaucoup
au cinéma aussi."
Source : Ligueur n° 5 - 31/01/07